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SABLET François Jean

Portrait de Jean Claude Pellegrini (1787-1854)
Inspecteur divisionnaire honoraire des Ponts et Chaussées.

SABLET François Jean

(Morges, 1745 – Nantes, 1819)

Portrait de Jean Claude Pellegrini (1787-1854)
Inspecteur divisionnaire honoraire des Ponts et Chaussées.

Huile sur toile
Monogrammée et datée en bas à droite
30 x 25 cm
1819

Peintre de portraits, Jean François Sablet, originaire de Morges, né le 23 novembre 1745, est le fils aîné de Jacob Sablet (1720–1798), bourgeois de cette ville, peintre en bâtiment, doreur, marchand de tableaux, et de Suzanne Dupuis (1722–1775), installés dès 1754 à Lausanne.

En 1767, le 8 juin, il s’apprête à partir pour se «perfectionner dans l’art de la peinture» muni d’un viatique du Conseil de Morges et d’une bourse de Berne. A Paris, il est élève de Joseph-Marie Vien à l’Académie royale (1768–73). En 1772, il est rejoint par son jeune frère Jacques qui dès 1776 part à Rome y faire une brillante carrière. François, lui, se maintient à Paris, y passe quasi inaperçu n’ayant ni concouru, ni reçu de prix, ni même exposé. En 1774, il signe et date le Portrait du comte d’Artois, en colonel-général des Suisses et Grisons. En 1777, il épouse Marie Madeleine Borel, fille d’un marchand de bois, et s’installe près des Quinze-Vingt à la Bastille, comme peintre de portraits. Il entre dans la loge maçonnique de la Céleste Amitié et jouit dès lors d’une certaine notoriété. Il exécute le portrait de Charles-Henri, comte d’Estaing, gravé par Charles-Etienne Gaucher (1779). En 1781, L. Perrot reproduit deux de ses œuvres provenant du cabinet de Madame de Saint-Maurice, L’enfance à la campagne et la Visite à la nourrice, pour la société philanthropique fondée notamment par Louis d’Affry, capitaine des Gardes Suisses. Outre le fait que ces sujets dénotent un idéal de bienfaisance sous l’égide de Jean-Jacques Rousseau, ils témoignent de relations avec le milieu suisse. Enfin, le format et la qualité de deux grands portraits en pied Vestale versant de l’encens (1781) et l’Offrande à Hymen (1783) rendent compte de sa faveur dans la société à la veille de la Révolution et, bien que dans l’ombre, il est en mesure de constituer des rentes viagères. De cette première étape, sont datés deux carnets de croquis à la pierre noire et à la sanguine de personnages, scènes d'intérieur, évocations théâtrales, dont la Vestale versant de l'encens. Il signe également une suite d’illustrations au lavis ayant trait à la mythologie et autres sujets tirés d’Ovide.

En 1789, le climat politique s’assombrit brusquement, les amateurs partent entraînant à leur suite les artistes. François Sablet prend la route de la Suisse et, en janvier 1792, rejoint son frère à Rome, peintre de genre en costumes italiens et de portraits dans la nature dits «conversation pieces», modèles dont François va s’inspirer. François passe l’été à Genzano dans la campagne romaine, où il se consacre lui aussi au paysage et aux costumes populaires. Beat d’Hennezel, leur compatriote, évoque les soirées chez les Sablet avec leurs amis artistes, occupés à dessiner des portraits-charge tout en échangeant de vifs propos sur la situation politique. Cependant les événements de Paris se répercutent à Rome. En janvier 1793 le représentant français est assassiné, les français et autres francophones sont en danger et doivent quitter les États pontificaux. Les artistes remontent à Florence, mais tous ne pouvant s’y maintenir continuent vers la France ; les Sablet se dirigent vers Lausanne.

De retour à Paris, il est reçu le 1er octobre 1793 à la Commune des Arts et le 28 mai suivant, remet son esquisse des Charrettes de foin traînées par les sans-culottes de la Commune de Chaussière, faute de chevaux pour le concours de l’an II. Il fournit trois portraits au graveur Pierre-Michel Alix pour sa Galerie des Grands Hommes : Viala, Guillaume Tell et Lycurgue. Ce n’est qu’en 1795 qu’il expose pour la première fois au Salon deux portraits, puis ne signe plus aucune œuvre jusqu’en 1799. Pendant toute cette période, il réside à Vernonet en Normandie chez l'acteur Simon Chenard et paraît prendre ses distances avec Paris contrairement à son frère qui, logé au Louvre, expose avec succès ses œuvres. En 1799, il présente au Salon deux paysages, deux intérieurs et deux portraits. En 1802, les frères Piranesi, protégés de Lucien Bonaparte, créent au Collège de Navarre une Académie des beaux-arts, où François Sablet se distingue à la chalcographie : Vue du cloître de la Chartreuse dans les Thermes de Dioclétien, Illumination du Pont des Tuilerie et Illumination de la Concorde et six Vues des jardins de la villa Borghèse. En 1804, il expose au Salon deux paysages, dont La voie Appienne au bas de la Riccia et deux portraits.

Un décret du 30 mars 1805 installe toutefois l’École polytechnique au Collège de Navarre, obligeant la chalcographie Piranesi à déménager tout en accordant des indemnités aux artistes. François Sablet décide alors de s’installer à Nantes où il compte de nombreux amis. Il s’agit, outre des frères Cacault avec leur riche collection à Clisson, de l’architecte Mathurin Crucy, compagnon d’études, du sculpteur François-Frédéric Lemot qui y crée une nouvelle «Arcadie», tous très liés et à l’origine du développement du port et de la ville de Nantes. François Sablet y poursuit avec grand succès sa carrière de portraitiste. Il a pignon sur rue, tous défilent dans son atelier, on y fait la queue. Une production étonnante de petits portraits «à la Boilly» s’ensuit, très naturels, parfois incisifs, tel que son Autoportrait, dédié au musée d’arts de Nantes. François Cacault décède en 1805 et Sablet est chargé de l’inventaire de la collection pour le musée.

Son œuvre ne se limite cependant pas aux seuls petits portraits : pour Crucy, il peint le salon, où figurent l’architecte, son épouse, et divers paysages, en particulier le Portrait de la famille de la Roche, que l’on n’hésiterait pas à attribuer à Jacques Sablet. Et c’est bien là le problème si difficile à élucider, car non seulement François est surnommé à tort «le Romain» ou «le Jeune», mais il a peint à la manière de Jacques. Il exécute des paysages des alentours ou des souvenirs d’Italie, mais sa grande entreprise est la Décoration de la Bourse. Son architecte Mathurin Crucy en fixe le programme : six grandes grisailles évoquant la visite de Napoléon à Nantes en août 1808. François Sablet se met à l’œuvre dès juillet 1810 et la Bourse est inaugurée le 15 août 1812. Pour ce qui est des grisailles elles sont recouvertes à la Restauration, puis enlevées et vendues. Il n'en reste que les dessins préparatoires et 123 portraits légués à la Société archéologique de Nantes en 1862.

En avril 1817, François expose au Salon une grande Vue du port de Nantes qu’il pouvait contempler de chez lui. L’année suivante, il signe et date une Sainte Famille, œuvre ultime du peintre.

Ainsi, peu à peu, se sont dégagés l'art et la personnalité de François Sablet, essentiellement une peintre de portrait et de paysages, suivant tous les styles, souplement à travers les aléas de l'histoire, des belles effigies en pied de l'Ancien régime à la suite de Vien et des petites scènes champêtres, à la mode, telle L'escarpolette puis se convertit à Nantes aux petits portraits illustrant la bourgeoisie locale, sachant toujours répondre aux divers mécénats avec un égal bonheur, se montrant à la hauteur d'une commande municipale d'envergure comme la décoration de la Bourse, ou même encore retrouver le style du XVIIe italien pour un tableau d'église.

Musées : Nantes, Brest, Melbourne, New-York (Met.), Fribourg, Lausanne…
Source : SIKART - Anne van de Sandt – 1998 et 2018


Jean Claude Frédéric Alexis Pellegrini, né le 22 juillet 1787 à Chambéry (Mont-Blanc) et mort le 27 mars 1854, est un inspecteur divisionnaire honoraire des Ponts et Chaussées. Il a réalisé les ouvrages pour améliorer la navigabilité du Lot et étudié le projet de canal latéral à la Garonne entre Toulouse et le Tarn. Il a participé aux travaux de construction du pont Vittorio Emanuele Ier sur le Pô à Turin et du pont sur la Garonne à Moissac

Il est le fils de Bernard Pellegrini, originaire de Castelrotto dans la commune de Croglio, dans le Tessin (Suisse), et de Marguerite Berthet. Il est le frère de Charles Henri Pellegrini.

Il est entré à l'école polytechnique le 20 novembre 1806 et en est sorti le Ier septembre 1808. Entré dans le service public, il poursuit ses études à l'école des ponts et chaussées. Pendant ses études, il fait des stages dans le département de l'Ain, en 1809, et le département du Pô, à Turin, en 1810, où il participe aux travaux du grand pont de pierre sur le Pô, à Turin. Bien que n'ayant suivi les cours de l'école des ponts et chaussées que pendant deux années au lieu de trois, il a été nommé aspirant ingénieur et il est resté attaché à la construction du pont sur le Pô. Il est nommé ingénieur des ponts et chaussées de 2e classe le Ier septembre 1811. En 1812 et 1813, il est chargé de travaux hydrauliques sur la Stura. Il est responsable de travaux sur la citadelle de Turin. Sa fonction d'officier du génie militaire a cessé après la reddition de la citadelle. Remis alors à disposition du ministère de l'intérieur le 4 mai 1814, il est mis à disposition du roi de Sardaigne pour continuer les travaux du pont sur le Pô jusqu'en octobre 1814.
Il est ensuite nommé ingénieur des ponts et chaussées dans le département de la Lozère où il prend les dispositions nécessaires pour construire le pont sur le Tarn à Florac.
Il est nommé chef de service d'un arrondissement du département du Gers, entre le Ier décembre 1814 et le Ier octobre 1821. Il a travaillé sur la construction d'un pont en pierre de trois travées sur la Baïse à Condom. Il a restauré le réseau routier du Gers en utilisant un procédé identique à celui mis au point par MacAdam.
Le Ier octobre 1821, il est nommé chef de service de l'arrondissement de Moissac dans le département de Tarn-et-Garonne où il est chargé de la construction en régie du pont de Moissac.
Il est nommé ingénieur des ponts et chaussées de Ire classe le Ier juin 1824.
Il est chargé le 15 juillet 1825 de l'achèvement du projet de canal entre Toulouse et Montauban. Il a donné les projets de tous les ouvrages d'art à construire avec leurs devis estimatifs. Le 6 février 1826, il est chargé des études du projet de canal latéral à la Garonne entre Toulouse et le Tarn.
Le 17 juillet 1827, il est chargé de l'intérim de l'ingénieur en chef des ponts et chaussées du département de Tarn-et-Garonne jusqu'à la fin d'octobre 1828.
Le 28 octobre 1828, il est chargé des fonctions d'ingénieur en chef du département du Lot. Il est nommé ingénieur en chef de 2e classe le 25 octobre 1829. Il est nommé ingénieur en chef des ponts et chaussées de Ire classe le 28 août 1835, ingénieur en chef directeur le 3 juin 1839.
Après 1830, l'industrialisation du bassin d'Aubin-Decazeville a rendu nécessaire la navigabilité du Lot, seule voie d'eau permettant d'acheminer les produits houillers et métallurgiques.
Le 27 novembre 1832, le directeur général des ponts et chaussée l'a chargé de l'étude du projet d'amélioration de la navigation du Lot entre Livinhac-le-Haut et la limite du département de Lot-et-Garonne. Ces travaux vont commencer à partir de 1838 et durer jusqu'en 1848. Les travaux spectaculaires vont se faire en amont de Cahors avec une série de canaux de dérivation souterrains comme celui de Capdenac et des digues de rétrécissement. Pellegrini a restauré les écluses construites sous le règne de Louis XIV dans la basse vallée du Lot et d'en créer de nouvelles avec des barrages éclusés, soit 74 ouvrages au total.
Il est admis à la retraite le 30 novembre 1845 et nommé inspecteur divisionnaire honoraire.

Il a été naturalisé français le 31 juillet 1816 et fait chevalier de la Légion d’honneur en 1833.

Source : Biographie de Jean Claude Frédéric Alexis Pellegrini, p. 46, dans Revue savoisienne, 1906, 46e année

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