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LENOIR Zélia

La cour du Mûrier, à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris

LENOIR Zélia

(Paris, 1842 – Paris, 1919)

La cour du Mûrier, à l’École Impériale des Beaux-Arts de Paris

Huile sur toile
Monogrammée ZL et datée 1866 en bas à gauche et située École des Beaux Arts en bas à droite
89 x 65 cm



Exposition: Salon de Paris de 1866, sous le numéro 1205
Œuvre en rapport: aquarelle de même sujet, conservée au musée d’Orsay



La cour dite du mûrier de l’École des Beaux-Arts correspond à l’ancien cloître du couvent des Petits-Augustins, fondé par la reine Margot au tout début du XVIIème siècle. Le couvent devient à la fin de la Révolution le musée des Monuments Français, dont la direction est confiée au jeune peintre Alexandre Lenoir (1761 – 1839). En 1816, Louis XVIII ferme le musée et affecte le lieu à l’Ecole Royale des Beaux-Arts; l’architecte François Debret (1777-1850), puis son beau-frère et élève Félix Duban (1797-1870) décident de faire des bâtiments un palais d’inspiration italienne et néo-classique.

La cour carrée du mûrier, qui doit son nom au mûrier de Chine qu’Alexandre Lenoir y planta, se situe à droite de la cour d’honneur de l’école, lorsqu’on y entre par la rue Bonaparte; Félix Duban lui donna en 1836 l’allure d’un atrium pompéien, en y implantant notamment une fontaine au centre. Les murs de la galerie couverte sont décorés par une réplique de la frise des Panathénées du Parthénon, que l’on aperçoit à travers les arcades.

La date d’exécution de notre tableau s’inscrit dans la courte période (1864-1870) où l’Ecole est dite « Impériale », après avoir été « Royale » et avant de devenir « Nationale ».

Zélia Flore Lenoir était la petite-fille d’Alexandre Lenoir et la fille d’Albert Lenoir (1801-1891), ce qui la rend donc particulièrement liée à l’histoire de l’Ecole des Beaux-Arts. Son père, quasiment né dans l’ancien musée des Monuments Français, intégra l’Ecole des Beaux-Arts en 1820, y enseigna à partir de 1856 comme suppléant d’Hippolyte Lebas, et en fut nommé Secrétaire perpétuel en 1862; il y occupa à partir de 1869 la chaire d’histoire de l’architecture.

Cette ascendance dynastique ne pouvait que la diriger vers une activité artistique, et on trouve au musée d’Orsay des dessins réalisés par elle à l’âge de 14 ans; comme son père, c’est une artiste voyageuse, qui dessine les lieux où elle séjourne ou qu’elle visite: la Normandie (Trouville en 1856, Veules les Roses en 1857, Jersey en 1869, Honfleur régulièrement entre 1900 et 1912), la Bretagne (Vitré en 1865, Saint-Malo en 1908), le Nord Pas-de-Calais (Cayeux en 1866, Ypres en 1871, Berck en 1912), le sud-ouest (Eaux-Bonnes en 1913), la Bourgogne et la Franche-Comté (Clamecy en 1919, Mijoux en 1867)…

Elève de son père et d’A. Bernard, elle participe en 1866 à ce qui semble être son unique Salon, où elle est domiciliée au Palais des Beaux-Arts.

En 1874, elle épouse l’architecte Louis-François-Philippe Boitte (1830, Paris – 1906, Fontainebleau), qui avait collaboré quelques années auparavant avec son père, et qui devint architecte en chef du palais de Fontainebleau en 1877 (une exposition lui fut consacrée à Orsay en 1989, avec notamment des dessins réalisés en Grèce et en Italie au début des années 1860).

On connaît de Louis Boitte toute une série (conservée à Orsay) d’études, au crayon, au lavis ou à l’huile, ayant pour sujet la Cour du mûrier, dont une reprend exactement les mêmes point de vue et cadrage que la composition de sa femme; ces dessins, qui semblent avoir été réalisés vers 1886, ouvrent la question des influences mutuelles entre les deux époux.

Avec ce tableau, Zélia Lenoir produit une oeuvre que l’on pourrait presque dater, au premier abord, des années 1820; il y émane effectivement un mélange d’esprit « troubadour » et de vue d’architecture tel que pouvaient le réaliser à l’époque des peintres comme Etienne Bouhot ou Jean-Lubin Vauzelle par exemples.

Une certaine monumentalité se dégage de l’ensemble, due à l’absence de personnages et au cadrage particulier de l’arcade (dans l’esprit de ceux de Louis-Pierre Baltard), tempérée par l’exiguïté des lieux et adoucie par la présence apaisante de la fontaine.

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