HOGUER Adèle Félicité
Bonaparte au pont d’Arcole (d’après le Baron Gros)
HOGUER Adèle Félicité
(Versailles, 1790 – Paris, 1856)
Bonaparte au pont d’Arcole (d’après le Baron Gros)
Peinture sur plaque de porcelaine
Signée et datée 1832 en bas à gauche
28 x 21 cm
Exposition: Salon de 1835, sous le N°1069, et titrée Bonaparte; d’après l’étude de Monsieur le Baron Gros, faite pour son tableau du passage du pont d’Arcole (1796)
Fille de parents marchands de mousseline, Mademoiselle Adélaïde Hoguer est répertoriée dans les registres de la Manufacture de Sèvres comme peintre de figures. Elle appartient ainsi à l’important groupe des femmes peintres sur porcelaine, avec à leur tête Marie-Victoire Jacquotot (dont Adélaïde sera aussi l’élève), et parmi lesquelles on peut citer Marie-Adelaïde Ducluzeau, Marie-Pauline Laurent, Madame Renaudin, Mlle Girard, Mlle Perlet ou encore Aurore Leclerc.
Ces productions sur porcelaine s’inscrivent dans le courant « sauvegardiste » du début du XIXème siècle, initié et soutenu par le directeur de la Manufacture de Sèvres, Alexandre Brongniart. Pour faire face aux inévitables usures du temps sur les chefs d’oeuvre de la peinture ancienne ou contemporaine, il en fait développer les répliques sur porcelaine, de façon à conserver une trace inaltérable de leur beauté.
La première oeuvre connue d’Adélaïde (qui signe sa correspondance et ses oeuvres « Adèle »), datée de 1819, est un portrait sur porcelaine de la princesse du Cayla (conservée au château d’Haroué, l’oeuvre était en instance de classement comme monument historique en 2015), donc une oeuvre « originale » d’une personnalité de l’époque. Elle débute au Salon de 1822 avec une réplique du portrait de Philippe II par Vélasquez. En 1824, la Revue Critique du Salon juge ainsi sa reprise des Petits orphelins de Ary Scheffer: « une exécution délicieuse, qui ajoute un charme inexprimable de teintes que l’on ne trouve pas dans le modèle, et qui n’ajoute pas peu à l’intérêt de la composition« . Il y est même dit que « sa galerie pourra peut-être un jour rivaliser de charmes et de prix avec celle des originaux mêmes« .
Elle expose encore en 1827 une reprise du Mariage indien, d’après Louis Hersent.
Notre porcelaine est datée de 1832, mais son exposition au Salon de 1835 peut se comprendre comme un hommage à Gros, qui expose lui-même pour la dernière fois à ce Salon, avec son Hercule et Diomède, symbole d’un retournement néo-classique raté. Son grand raffinement d’exécution n’échappa pas au journal Le Citateur Féminin (mensuel littéraire, artistique, biographique et critique) de 1835, qui la décrit ainsi:
« Mlle Hoguer s’est attachée à reproduire ses modèles avec exactitude. Son Bonaparte d’après Gros et son Orphée et Eurydice d’après Girodet, font voir tout ce que l’on peut attendre de la fidélité que Mlle Hoguer sait mettre dans ses copies« .
A ce même Salon, elle expose aussi une autre peinture sur plaque de porcelaine titrée Portrait de Madame H.
Notre plaque ne peut être considérée que comme une simple copie; au-delà de la véritable qualité de son exécution et de son exposition publique, elle correspond à une véritable politique artistique de l’époque concernant les répliques. Par ailleurs, datée de 1832, elle fait également partie des toutes premières iconographies officielles de l’Empereur, après une totale absence au Salon entre 1817 et 1830.
Une ambiguïté doit être levée avec Blanche-Lucie, la soeur aînée d’Adélaïde, artiste peintre elle aussi, et qui expose au Salon sous le nom de Mademoiselle Hoguer jusqu’en 1824; dans la mesure où Adélaïde expose elle aussi sous le nom de Mlle Hoguer, cela peut génèrer une certaine confusion.
Blanche-Lucie (Versailles, 1786 – Paris, 1872), qui signe parfois Louise, se forme auprès de Jean-Baptiste Regnault, et elle participe pour la première fois au Salon de 1810, avec des portraits. Elle expose ensuite des peintures de style troubadour (Sully, Jeanne d’Arc, scènes de genre…), avec un dernier Salon en 1839, sous le nom de Madame Thurot à partir de 1824; elle s’était effectivement mariée en 1822 avec un helléniste, Alexandre Thurot (Issoudun, 1786 – Paris, 1847). Il ne semble pas qu’elle ait produit des oeuvres sur porcelaine.